mardi 8 décembre 2015

L'Etude en Soie d'Emma Jane Holloway

"En matière de scandales, cela dépassait n’importe quel vaudeville au sein de l’élite londonienne, les tentacules dans le nez." Tobias

Couverture de L'Affaire Baskerville, Tome 1 : Une Étude en Soie


Résumé: Evelina Cooper, la nièce de Sherlock Holmes, s’apprête à vivre sa première saison dans la haute société londonienne. Mais quand de terribles meurtres secouent le manoir de son amie et hôte, la jeune femme se retrouve plongée au cœur d’un complot remettant en question le monopole des barons de la vapeur sur la ville. Une enquête à hauts risques. D’autant qu’Evelina cache un dangereux secret et qu’elle ignore auquel de ses compagnons elle peut réellement accorder sa confiance : le beau et brillant aristocrate débauché qui fait battre son cœur ou son meilleur ami forain, qui ferait n’importe quoi pour elle.

Mon avis:
PERSONNAGES

Pour cette fois, je vais diviser cette partie en deux grosses catégories : « gentils » / « méchants »
Nous avons donc pour commencer, Evelina, le personnage principal que j’ai beaucoup aimé. Son personnage est très intéressant et son histoire est un mélange de deux mondes très différents et c’est plutôt original. On comprend tout de suite que c’est une femme très intelligente, qui s’adapte vite et qui est d’une grande perspicacité. J’aime son côté indépendant mais pas vraiment rebelle. Ce qui m’a tout de suite plu chez elle c’est son manque de « romance » dans le sens où elle reste assez réaliste et surtout que son « happy ending » à elle n’est pas de finir mariée mais d’aller à l’université. Pour son époque, c’est juste génial. C’est pour moi, un personnage très réaliste auquel je me suis très vite attaché. Son déchirement entre le monde du cirque et celui de la haute société était bien trouvé quoique parfois un peu lourd (surtout sur ses sentiments envers Nick). En effet, elle est très souvent partagée par ces deux mondes qui font chacun partie intégrante de sa personnalité. Mais cela ne reste tout de même pas trop lourd, ni trop agaçant. Elle est vraiment intelligente et loyale, elle tente de faire ce qui est juste dans la mesure du possible et de protéger les gens qu’elle aime. Un très bon personnage.
J’ai également beaucoup aimé Tobias. Son personne est plutôt drôle, c’est vraiment le stéréotype du grand et beau aristocrate tombeur. Il a de l’humour, il est intelligent, rebelle, il sait comment parler aux femmes et bien sûr, il n’est absolument pas comme son père. Au début donc, je l’ai vraiment apprécié, surtout avec son attachement pour Evelina qui se développe, cela lui donne un petit côté mignon. Néanmoins, il finit un peu par me décevoir, dans le sens où je trouve qu’il est sur jouer. En effet, il joue vraiment le cliché du jeune et beau aristocrate tout le temps, il n’évolue pas tant que cela ou sinon de manière un peu trop prévisible et c’est dommage. J’aurais vraiment aimé qu’il fasse quelque chose de plus surprenant mais bon, tant pis. Peut-être changera-t-il dans le prochain tome ! Quant à Nick, je l’ai tout d’abord apprécié également, mais il m’a un peu agacé. C’est l’un des points de vue que j’ai le moins apprécié. Je ne lui trouve pas réellement d’importance, à part pour en savoir un peu plus sur le Docteur Magnus mais son point de vue à lui aurait été plus pertinent. Je pense qu’il est surtout là pour le triangle amoureux et c’est dommage. J’ai pensé la même chose d’Imogen. En effet, j’ai trouvé que son point de vue avait encore moins d’importance que celui de Nick. Elle est également très prévisible et plutôt vide au niveau de la personnalité. Pour moi elle est trop naïve et un peu égocentrique parfois.  J’ai trouvé la fille de Keating plus intéressante par exemple. Pour moi, Imogen ne sert qu’à introduire Evelina dans la famille Roth afin qu’elle ait sa place dans l’histoire. Elle est également l’image même de la jeune femme de haute société qui fait ses débuts et qui va s’élever. Elle ne m’a pas tant marqué que cela pour ma part. Par contre, même si son rôle est bien moindre qu’Imogen, j’ai plus apprécié Bucky qu’elle. C’est le meilleur ami parfait pour Tobias, il est drôle et intelligent. Il n’apparaît pas beaucoup mais c’est tout de même un personnage que j’ai bien aimé retrouvé à travers les pages. Leur romance est d’ailleurs très prévisible et très cliché je trouve. C’est mignon mais je trouve que ce n’est pas aussi réaliste que les relations qu’entretient Evelina avec Nick ou Tobias.
Nous avons donc ensuite le  côté des « méchants »,  et, étonnement, j’ai trouvé que ce sont les personnages les mieux travaillés avec Evelina et également les plus intéressant à étudier. Nous avons donc pour commencer Lord Bancroft. Dès le début, j’ai trouvé qu’il allait être un personnage très intéressant et je ne me suis pas totalement trompé. Au départ, il est intimidant et plein de mystères, on a du mal à comprendre ce qu’il se passe de son côté. Mais plus on avance, plus je l’ai trouvé à l’image des grands aristocrates qui cherchent à s’élevé dans la grande société, quel qu’en soit le prix. Il est très ambitieux et tente par tous les moyens de garder sa fortune à flot et a s’élevé socialement, quitte à renoncer à ses talents de mécaniste et aller jusqu’à tuer. C’est un requin, qui ferait tout ce qu’il peut pour avoir sa part de richesse et de pouvoir. En revanche, j’ai trouvé qu’il se laissait beaucoup emporter par ses émotions et je pense que c’est ce qui lui a porté préjudice. J’ai donc trouvé que c’était un personnage très réaliste, c’est un méchant, qui n’en ai pas vraiment un et qui n’a pas vraiment d’excuses pour l’être mais qui est également vraiment humain, dans le sens où on a pas négligé sa partie émotionnelle.. Il s’est laissé dépasser par les événements et se plonge donc dans l’alcool. J’ai vraiment trouvé que c’était le personnage qui se rapproche le plus de la réalité. J’ai pensé à peu près la même chose de Jasper Keating. En effet, c’est tout de même, à la base, le « grand méchant » de l’histoire. Il est tout aussi ambitieux que Lord Bancroft, mais un peu plus implacable. Il ne se laisse pas autant submerger par les émotions que lui et il voit beaucoup plus loin, il est plus minutieux et surtout plus vicieux. Il a également beaucoup de charisme et joue dans la cour des grands, ce n’est pas un simple petit pion sans importance, c’est vraiment quelqu’un qui a presque bâti son empire sur Londres et qui gagne de plus en plus de terrain, c’est un vrai requin ou plutôt un serpent. Certes, il se fait avoir par Lord Bancroft et son cousin mais, du côté politique, mais c’est lui qui a le dessus. C’est un personnage très intéressant, je ne l’ai pas apprécié car c’est le genre de personne que je ne peux pas voir en peinture, mais justement, je pense que c’est l’effet que cherche l’auteure et pour le coup, c’est bien joué. Quant au Docteur Magnus, je dirais qu’il se rapproche plus de Keating que de Lord Bancroft même si c’est un étranger au système londonien. Il est tout aussi charismatique mais beaucoup plus mystérieux, il a une aura inquiétante qui l’entoure, on sent qu’on est pas en danger à ses côtés. Son côté mystique le rend vraiment difficile à cerner, on sait quelles sont ses intentions mais on a encore du mal à comprendre ce qu’il veut vraiment. Je pense que c’est la plus grande menace dans ce roman, même si Keating est pas loin derrière. Il m’a fait froid dans le dos à chacune de ses apparitions mais c’est ce qui fait la beauté de ce personnage. J’ai hâte d’en savoir plus à son sujet.
J’ai adoré retrouvé mon cher Sherlock Holmes ! Je l’ai placé à part car c’est un personnage reprit d’un autre auteur et que, pour moi, de toute manière, c’est quelqu’un qu’il faut mettre à part ! Je l’ai donc trouvé plutôt fidèle au personnage d’origine, toujours aussi en marge de l’étiquette, indépendant et redoutablement perspicace et intelligent. J’étais tout de même un peu déçu au départ qu’il se fasse avoir par Keating, ça ne lui ressemble absolument pas de marcher sous la menace. On retrouve néanmoins son attachement et sa relation très spéciale avec le Docteur Watson que j’ai retrouvé avec grand plaisir également. Ils ne sont pas très présent, plutôt là vers la fin et ne sont pas au centre de l’histoire, ce sont limite des figurants, mais c’est quand même une touche que j’ai beaucoup apprécié.

RELATIONS

J’ai trouvé la relation entre Evelina et Tobias plutôt intéressante. Au départ, c’est assez prévisible, la jeune fille qui tombe amoureuse du beau et riche grand frère de sa meilleure amie et lui qui tombe amoureux de la belle et intelligente meilleure amie de sa sœur. Mais j’aime beaucoup la manière dont Evelina perçoit cette relation. Elle sait qu’elle ne peut pas se permettre un tel homme mais surtout, elle sait que lui, ne la mérite pas. Elle sait ce qu’elle veut et reste fidèle à ses principes. Certes, elle finit à un moment par céder mais elle reprend très vite ses esprits. Quant à lui, pour le coup, je le trouve plus naïf qu’elle. Il la regarde et pense à elle de manière très romantique, très cliché et va même jusqu’à se rebeller contre son père. C’est mignon mais pas très réaliste. Je ne sais pas trop si je veux les voir ensemble au bout du compte. Certes, cela permettrait à Evelina d’être heureuse et de s’élever dans la société mais j’aime son côté indépendant et je trouve que ce serait dommage d’y renoncer. Je suis également tout aussi mitigé pour Evelina et Nick. En effet, on sent un lien très fort entre eux, un réel amour et on aimerait qu’ils puissent être ensemble mais tellement de choses les sépare. A commencer déjà par leur range dans la société, Evelina ne peut pas se permettre de suivre les traces de sa mère si elle veut entrer à l’université mais également à cause de la magie car cela les amènerait à la potence. On sent aussi qu’ils sont tout de même d’une fidélité incroyable l’un envers l’autre. Ils sont chacun prêt à se mettre en danger pour protéger l’autre et je trouve ça très touchant. En revanche, Nick à un côté un peu vieux jeu et possessif qui est certes réaliste surtout vu l’époque, mais aussi un peu agaçant.
Du côté des liens d’amitié, j’ai Evelina et Imogen adorables. Elles sont comme des sœurs, soudées et complices. Elles peuvent tout se dire et je trouve ça trop mignon. Evelina peut compter sur la fidélité et la discrétion d’Imogen tandis que cette dernière peut compter sur l’esprit critique et la protection d’Evelina.
Pour ce qui est d’Evelina et Sherlock Holmes, j’ai trouvé leur relation géniale. Ils ne sont pas très sentimentaux l’un comme l’autre mais on sent tout de même qu’ils sont attachés. On remarque aussi que Sherlock respecte beaucoup l’intelligence de sa nièce et qu’il en est très fier. Ils se ressemblent énormément tous les deux. Quant à Evelina, on voit qu’elle l’admire beaucoup. C’est vraiment une relation que j’ai beaucoup apprécié. En revanche, celle entre Evelina et Magnus est plus sombre et plus inquiétante. On sent que Magnus la convoite et l’admire comme on peut admirer une déesse et c’est plutôt inquiétant pour Evelina qui se sent d’ailleurs jamais en sécurité en sa présence. On a peur pour elle et on sent que Magnus a besoin d’elle mais n’hésitera pas à lui faire du mal. Ce genre de relation est assez rare dans les livres d’ailleurs.
Les liens entre Tobias et Lord Bancroft ne sont certes pas aussi menaçants mais tout aussi conflictuels. En effet, ils ont une relation très tendue du début jusqu’à la fin. Lord Bancroft est très dur avec son fils, il ne le tient pas en estime alors que pourtant, il lui ressemble beaucoup. C’est tout de même la relation typique du père trop strict et de l’enfant rebelle. C’est un peu dommage que ce ne soit pas un peu plus original mais bon, le reste l’est déjà bien assez, on ne peut pas toujours tout faire ! Ça reste tout de même une relation plutôt bien développée et l’on voit que Tobias mûrit un peu au fil du livre et qu’il prend vraiment conscience de la véritable nature de son père.
Tobias et le Docteur Magnus ont une relation presque père/fils mais tout à fait différente de celle entre Tobias et son vrai père. En effet, on sent que le Docteur Magnus veut le prendre sous son aile, qu’il voit et admire le talent de Tobias qui reflète celui de son père autrefois. Quant à Tobias, on voit qu’il considère Magnus comme son père spirituel, son mentor. Au départ, on est plutôt content pour lui mais une fois qu’on comprend qu’il se fait utilisé, on a un peu de peine pour lui. J’ai bien aimé cette relation car elle était plutôt surprenante et bien trouvée. Quant à Lord Bancroft et Magnus, j’ai trouvé leur relation très intéressante mais qui m’a laissé sur ma faim. J’aimerais vraiment savoir ce qui les lie tous les deux et qu’est-ce que deux amis qui se considéraient comme des frères aient bien pu vivre pour se détester à ce point. On sent que Magnus essaye de retrouver sa relation perdue avec Bancroft mais que celui-ci à carrément peur de lui, c’est vraiment intriguant. Bancroft semble également avoir peur de Keating même si j’ai l’impression qu’il craint plus Magnus que Keating. Lord B. et Keating sont plus des rivaux, c’est plutôt un combat de domination qui les lie. Ils veulent chacun une place importante dans le système et chacun refuse de se laisser doubler par l’autre.

INTRIGUE ET STYLE

Tout d’abord, j’ai trouvé l’univers très bien construit. Il est complet sans aucunes incohérences, ce qui est plutôt impressionnant vu sa complexité. L’histoire et l’univers est très travaillé, il y a beaucoup de détails et d’informations. C’est vraiment un travail minutieux.
L’intrigue commence par du suspens, du mystère et de la perplexité. C’est un bon point, ça donne tout de suite envie de continuer et ça attire l’attention du lecteur. En revanche, j’ai trouvé parfois le fil rouge trop complexe, on s’y perd un peu, on a du mal à comprendre ce qu’il se passe. Mais cela reste tout de même bien mené, on a peu à peu des indices afin de comprendre, ça se précise au fur et à mesure et c’est tout en subtilité.  L’auteure nous présente son monde petit à petit, en commençant par décrire Evelina et j’ai bien aimé cela. Ce n’est pas décalé par rapport au fil rouge et ce n’est pas non plus lourd. Par contre, le fait d’avoir autant de point de vue ralentit pas mal l’histoire. En effet, on se rend compte au final qu’il ne s’est passé qu’une simple semaine en environ 600 pages et je trouve que c’est énorme. Surtout que c’est un livre grand format et avec une petite police, il se passe beaucoup de choses mais en très peu de temps au final.  Chaque journée est détaillée par chaque point de vue ou presque, ce qui rend l’histoire très dense et très lente. Il y a à la fois trop d’informations mais pas assez. Et malgré ce point de vue omniscient, on est la plupart du temps dans le flou, on ne sait pas vraiment ce qu’il se passe, le suspense et le mystère sont là jusqu’au bout, c’est à la fois troublant et ingénieux. Par contre, je pense qu’il aurait tout de même fallut réduire le nombre de point de vue. J’ai trouvé que certains n’avait pas spécialement d’importance, comme celui de Nick ou d’Imogen par exemple. Certes, cela apporte des détails et de la profondeur au roman mais parfois j’ai trouvé que ces passages n’étaient pas vraiment nécessaires. J'ai également trouvé que le mélange entre magie et mécanique était une excellente idée. J'adore les petits objets qu'Evelina invente et le Coffret d'Athéna m'intrigue énormément, j'ai vraiment hâte d'en apprendre plus à son sujet. Celle des Barons de la Vapeur aussi est très bien. En effet, avoir pensé à quadriller Londres selon des quartiers que les barons vont se marchander et les catégoriser en couleur est vraiment original, j'aime beaucoup.


L’histoire est donc très complexe, pleine de détails digne d’une enquête de Sherlock Holmes, j’ai beaucoup aimé cela même si parfois on se perd un peu. Si vous avez le budget (ou des gens qui vous aime fort !) n’hésitez pas à acheter ce petit bijoux et vous plongez dedans !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire